"Il faudrait commencer par bombarder Kissinger"
Le grand auteur tiers-mondiste Eduardo Galeano rappelle que les méchants
d'aujourd'hui ont été les gentils hier. Et que les Etats-Unis
ont nourri ce terrorisme qu'ils appellent maintenant le mal.
LA JORNADA
Mexico
Dans la lutte entre le bien et le mal, c'est toujours le peuple qui trinque.
Au nom du bien, les terroristes ont assassiné des travailleurs de près
de soixante pays, à New York et à Washington. Et c'est encore
au nom du bien que le président Bush a juré de venger les Etats-Unis.
Bons et méchants, méchants et bons : les acteurs changent de
masques, les héros deviennent des monstres et les monstres des héros,
au gré des exigences de ceux qui
écrivent l'Histoire.
Le scientifique allemand Wernher von Braun était du côté
du mal lorsqu'il a fabriqué les fusées V2 que Hitler a envoyées
sur Londres ; mais il est passé dans le camp du bien lorsqu'il a mis
ses talents au service des Etats-Unis.
Staline incarna le bien pendant la Seconde Guerre mondiale, puis l'URSS devint
l'empire du mal. Ensuite, les Russes sont redevenus bons : aujourd'hui, Poutine
parle lui aussi de châtier le mal.
Saddam Hussein était bon, et bonnes étaient les armes chimiques
qu'il a employées contre les Iraniens et les Kurdes. Puis il a mal
tourné. Il était déjà devenu "Satan Hussein"
quand les Etats-Unis - qui venaient d'envahir le Panamá - ont envahi
l'Irak parce que l'Irak avait envahi le Koweït. C'est Bush père
qui eut pour mission de livrer cette guerre contre le mal. Avec l'esprit humanitaire
et compatissant qui caractérise sa famille, il a tué plus de
100 000 Irakiens, pour la plupart des civils.
"Satan Hussein" est toujours là, mais cet ennemi public numéro
un est redescendu au rang d'ennemi numéro deux. Le fléau de
la planète s'appelle aujourd'hui Oussama Ben Laden. La CIA lui a enseigné
tout ce qu'il sait en matière de terrorisme. Ben Laden, aimé
et armé par le gouvernement américain, était l'un des
principaux "combattants de la liberté" contre le
communisme en Afghanistan. Bush père occupait la vice-présidence
lorsque le président Reagan a déclaré que ces héros
étaient "l'équivalent moral des Pères fondateurs".
Et Hollywood était sur la même longueur d'onde. Dans Rambo III
, les musulmans afghans étaient des gentils. Treize ans plus tard,
sous Bush junior, ils se sont mués en ultraméchants.
Henry Kissinger fut l'un des premiers à réagir à la tragédie
du 11 septembre. "Aussi coupables que les terroristes sont ceux qui leur
apportent soutien, financement et inspiration", a-t-il déclaré.
Si tel est le cas, il faudrait commencer par bombarder Kissinger. Pour le
compte de plusieurs gouvernements américains, il a apporté "soutien,
financement et inspiration" à la terreur d'Etat en Indonésie,
au Cambodge, à Chypre, en Iran, en Afrique
du Sud, au Bangladesh et dans les pays d'Amérique latine qui ont connu
la sale guerre du plan Condor.
Le 11 septembre 1973, soit exactement vingt-huit ans avant les feux d'aujourd'hui,
le palais présidentiel du Chili flambait. Kissinger avait préparé
l'épitaphe de Salvador Allende et de la démocratie chilienne,
en commentant le résultat des élections : "Nous n'avons
pas à accepter qu'un pays devienne marxiste à cause de l'irresponsabilité
de son peuple."
Le mépris de la volonté populaire est l'un des nombreux points
communs entre le terrorisme d'Etat et le terrorisme privé. Pour prendre
un autre exemple, ETA, qui tue au nom de l'indépendance du Pays basque,
a affirmé via un porte-parole : "Les droits n'ont rien à
voir avec les majorités et les minorités."
Nombreux sont les points communs entre le terrorisme artisanal et le terrorisme
de pointe, entre celui des fondamentalistes religieux et celui des fondamentalistes
du marché, entre celui des désespérés et celui
des puissants, entre celui des fous en liberté et celui des professionnels
en uniforme. Tous partagent le même mépris de la vie humaine
: les assassins
des 5 500 citoyens [dernier bilan : 5 972 morts ou disparus] écrasés
sous les décombres des Twin Towers, qui se sont effondrées comme
des châteaux de sable, et les assassins des 200 000 Guatémaltèques,
pour la plupart des Indiens, exterminés sans que jamais ni la télévision
ni les journaux du monde ne leur prêtent la moindre attention. Ces uatémaltèques
n'ont pas été sacrifiés par un fanatique musulman, mais
par les militaires terroristes
appuyés par les gouvernements successifs des Etats-Unis.
Une tragédie des erreurs : on ne sait plus qui est qui. La fumée
des explosions fait partie d'un rideau de fumée plus énorme
encore, qui nous empêche de voir. De vengeance en vengeance, les terrorismes
nous obligent à marcher à tâtons. Je regarde une photo
publiée récemment : sur un mur de New York, une main a écrit
: "OEil pour oeil rend le monde aveugle."
Eduardo
Galeano
Courrier International
18/10/2001, Numero 572
Lucía
Draín
La Haine
Se suele afirmar que el sufragio universal se ha alcanzado en varias oleadas de democratización. Es la visión más romántica del tema. Con la perspectiva histórica de un manojo de décadas podemos ya afirmar otra tesis: el sufragio universal ha sido concedido, en aproximaciones sucesivas, conforme las élites experimentaban y refinaban los mecanismos de fabricación de mayorías. Este fenómeno histórico forma parte de la gran transformación política iniciada en el siglo XIX: la sustitución de la Fuerza por el Engaño.
Aunque, en general, se mantuvo la estrategia de no legalizar los movimientos políticos incómodos, tras la democracia de los liberales (reservada a los propietarios, algo menos del 3% de la población) se iniciaron los primeros ensayos. También en la fabricación de mayorías hemos aportado nuestro particular gracejo español. El sufragio universal masculino de 1890 vino acompañado por el sistema de turno que fabricaba mayorías mediante el elaborado, y sorprendentemente público, caciquismo electoral. El sistema fue "estable" durante más de veinte años y dictó el voto rural hasta la II República. En el resto del mundo se aplicaron durante décadas restricciones étnicas y, especialmente, fuertes pruebas de alfabetización y civismo. El miedo liberal a la población les hizo aguzar el ingenio. Por supuesto, a la mujer se la mantuvo, sin demasiadas excusas, entre los "idiotas" (término de la democracia griega que designaba a los irresponsables por naturaleza para los asuntos públicos, sin derecho al voto). Por ejemplo, la cacareada democracia suiza no otorgó el pleno sufragio femenino, ¡hasta 1971!.
Actualmente, entre los "tecnicismos" de fabricación de mayorías destaca el utilizado por el sistema electoral mayoritario. En las democracias fósiles (Reino Unido, EEUU, Canadá, ...) que siguen utilizando la circunscripción unipersonal, las oligarquías en el poder manipulan adecuadamente los límites de cada circunscripción. Inflan, contraen o cambian los límites geográficos de las circunscripciones de diputado único, hasta lograr reducir al mínimo la representación de importantes minorías políticas o étnicas.
Como todo proceso histórico la fabricación de mayorías no ha sido lineal, ni homogéneo, ni universal. Las élites han cancelado con sangre numerosos procesos democráticos que no se ajustaban a la mayoría prevista. En ocasiones, las propias élites locales han liderado la involución como en España del 36 o Argelia del 92. Pero en la mayoría de los casos fueron intereses imperialistas los que acabaron con los procesos, como en la interminable y sangrienta lista de los países satélites de EEUU. Merece la pena recordar cómo se constituyó la mayoría en las municipales de Colombia de 1988: con el asesinato de 87 candidatos del UP a alcalde y más de 100 a concejal. A pesar de todo, la tendencia mundial ha sido sustituir la fuerza de las armas por el engaño mediático. Sin duda, mucho más estable y práctico.
En las autoproclamadas democracias los fuertes estados ya han estabilizado "pacíficos" mecanismos de fabricación de mayorías. La práctica totalidad de los medios de comunicación de masas actúan como medios de propaganda sobre los temas centrales, incuestionables, que no pueden ni deben depender de la opinión popular. En contraprestación, la sustitución de la Fuerza por el Engaño ha abierto también un amplio abanico de temas "menores" donde se admite e incluso se promociona el debate. En un esfuerzo de síntesis se pueden identificar tres grandes ámbitos de opinión donde los medios de propaganda actúan, sin concesiones, diariamente: la autolegitimación como régimen democrático, los conflictos armados del estado y la economía capitalista.
En ese corazón del Régimen todo intento de debate, cualquier opinión alternativa, es rápidamente absorbida por los mecanismos de control, cuya severidad es proporcional a la cantidad de población votante que el medio de propaganda controla. En este sentido, la televisión y, a mucha distancia, la radio son los medios más "eficaces". Como estrategia general no se abusa al sesgar la información. Demasiado arriesgado. Se opta claramente por el silencio, por el ostracismo, por la ocultación. La estrategia es impecable: la población no opina sobre lo que no conoce, no elige lo desconocido, odia "justamente" sólo el dolor que le muestran, conformando el actual autismo sociocultural.
Habitualmente, es el propio carácter privado de los medios de comunicación, su estructura de empresa privada, lo que consigue acompasar sus intereses mercantiles con la propia doctrina del Régimen. Las inversiones necesarias crecen exponencialmente conforme aumenta la población controlada, y sólo los medios mejor "adaptados" al Régimen logran una cuota de mercado que garantiza su supervivencia.
Destaca, por su influencia mundial, el cinturón mediático que se ha constituido en EEUU, controlando no sólo la fabricación de mayorías locales sino también la propaganda imperial.
En países con menor tradición "democrática", como España y Portugal, se han desarrollado mecanismos de control adicionales. Se mantiene prohibido directamente, sin ningún pudor, la libre apertura de emisoras de TV y radio, requiriéndose una licencia política, ajena a consideraciones técnicas. Nuestro propio Tribunal Constitucional ha revalidado tan "democrático" procedimiento. Y es que, en nuestro país, el proceso de sustitución de la Fuerza por el Engaño todavía no está maduro.
Los medios de propaganda realizan, también, un importante filtrado de profesionales. Sólo los trovadores mejor dotados, con una calculada mezcla de rebeldía o atrevimiento, saben bordear los temas prohibidos. Diariamente, los medios escenifican una pluralidad inacabada y excluyente que crea opinión, etiqueta hombres de estado, ridiculiza a los radicales, proclama democracias, ignora ciertas dictaduras, orquesta campañas de odio civil, declara enemigos y aliados militares. Crea, en fin, doctrina sobre los temas prohibidos.
Al
día de hoy, la situación es delicadísima. No existe,
ni remotamente, expectativa de solución. Ningún pensador o filósofo
pudo prever tan formidable mecanismo de control. Ningún intelectual
contemporáneo ha logrado articular un frente de lucha contra esta lacra
(con la inevitable excepción de Noam Chomsky). En España, la
situación es hasta cómica. La población cree vivir en
democracia aunque se limita a prorratear las listas redactadas por las élites.
No se elige ningún otro Poder. La Jefatura del Estado es hereditaria.
No existen referendums vinculantes. La iniciativa popular al referendum está
prohibida. La iniciativa popular legislativa no se puede aplicar a la Constitución
ni a la Ley Electoral. No existe derecho de autodeterminación, ni control
de la guerra, ni primarias, ni mecanismos populares de cese o disolución.
Y con todo, la población acepta el Régimen como demócrata.
Debe ser por que se lo han dicho por la "tele".
EEUU retrocede en América Latina
Por
Luis Bilbao
El Espejo de Argentina y el Mundo
Con
la victoria del Partido dos Trabalhadores (PT) en Brasil, en apenas seis meses
Estados Unidos ha sufrido una segunda derrota estratégica en América
Latina. La primera fue en abril, cuando las masas venezolanas enfrentaron
y vencieron en las calles el golpe de Estado teledirigido desde Washington
contra el presidente Hugo Chávez. Ambos acontecimientos indican la
aceleración de los tiempos políticos provocada por la crisis
económica mundial. Y anuncian la inauguración de una nueva etapa
histórica, signada por una dinámica de creciente confrontación
de América Latina y el Caribe con el imperialismo en general y específicamente
con Estados Unidos.
No resultará fácil comprender y aprehender la magnitud de los
cambios en curso en el hemisferio. Los resultados electorales de las fuerzas
antimperialistas en Bolivia y Ecuador, así como el estado de disolución
de los partidos del sistema en Argentina, Paraguay, Uruguay y Perú,
y en otro orden el inmediato debilitamiento del gobierno recién asumido
en Colombia, conforman un todo inseparable en el cual la sublevación
de masas venezolanas y el alud de votos brasileños representan dos
formas, igualmente inescindibles, de la lucha social y política actual
y futura.
Contenido real de la victoria del PT
Para quien frecuenta las páginas de El Espejo desde hace algunos años resulta por lo menos curioso (también puede ser indignante o divertido, según el carácter de cada uno), observar la petemanía desatada en los ámbitos más insospechados desde que el candidato del PT, Luiz Inacio da Silva, popularmente conocido como Lula, resultó electo con 52 millones de votos (casi el 62% de los sufragios válidos) el pasado 27 de octubre. ¡Caramba: qué importante sería tener un PT en Argentina... cómo no se nos ocurrió antes!
Bien mirado, este ramplón oportunismo es en sí mismo un signo elocuente respecto de cuánto ha cambiado el cuadro político nacional y regional. Aun en las más indecorosas contorsiones para montar sobre la ola de una moda predomina el signo que de verdad cuenta: en Brasil ganó un partido de los trabajadores; el 1° de enero próximo asumirá como presidente un ex obrero metalúrgico; este partido de masas se edificó sobre un programa fundacional que proclama el socialismo y sus símbolos son la bandera roja y la estrella roja de cinco puntas.
La hipocresía, se sabe, es el tributo que el vicio paga a la virtud. De modo que quienes descubren ahora las maravillas del PT brasileño, sin quererlo están indicando que el alud de banalidades, tonterías y vesanías con que se intentó sepultar la rebeldía de nuestros pueblos frente a la agonía del capitalismo, ha cedido para dejar paso al poderoso símbolo de los nuevos tiempos que se expande por el continente y el mundo: partidos de los trabajadores ganando elecciones, obreros al gobierno, consignas socialistas, banderas rojas al viento.
Símbolos y realidades
En el primer balance de la nueva situación brasileña por parte de los propios protagonistas que llegó a estas latitudes, los compañeros del Movimiento Sin Tierra (MST) parten de que han obtenido una victoria, porque "el pueblo votó por el cambio". Pero, aclaran de inmediato, el pueblo "continúa despolitizado y no hubo una participación entusiasta. La victoria electoral no fue fruto del ascenso del movimiento de masas; fue el resultado del fracaso del modelo económicoadoptado por las elites".
Hay datos elocuentes de esta realidad paradojal. En San Pablo, el mayor y más importante centro urbano de Brasil, el diputado que ganó más votos es un personaje excéntrico con discurso ultrafascista y sin partido, mientras que en el mismo distrito el secretario general del PT, José Dirceu, entró a la cámara de diputados con un mínimo de votos, equivalentes al 2,4% del padrón. El PT fue a segunda vuelta por los gobernadores de 9 Estados y perdió en 8 (quedó a cargo de 3, que no suman el 2% de la población total). Más grave y significativo aún: el PT perdió la gobernación de Río Grande do Sul y la intendencia de la capital de ese Estado, Porto Alegre, donde gobernaba desde hace 12 años.
El gobierno Lula
Este debilitamiento relativo del PT en relación con el respaldo electoral obtenido por Lula se hará sentir en el futuro próximo. Por lo pronto, la prensa comercial ya ha lanzado una campaña destinada a presentar a Lula como la contracara de las tendencias de izquierda del PT. El papel del vicepresidente, José Alencar, empresario, dirigente del Partido Liberal y de una iglesia evangélica, apunta igualmente a traccionar al gobierno hacia una política de conciliación de clases centrada en la "gobernabilidad" y el sostén de un esquema económico agotado y a punto de desplomarse. La socialdemocracia internacional y el aparato vaticano obran en el mismo sentido. Y en conjunto harán todo lo posible para evitar que Lula converja con Chávez y Fidel Castro en una política exterior francamente contrapuesta a la voluntad estadounidense. Queda inaugurado así en los hechos y a escala continental, un combate que en términos ideológicos y políticos se desarrollará durante todo el próximo período histórico y de cuyo desenlace depende el futuro.
A derecha e izquierda se equivocan quienes prevén los acontecimientos a partir del cambio de imagen, de alianzas y de discurso del ahora presidente Lula. La gravitación de su liderazgo, que seguramente aumentará en el próximo período, tiene una base social, conceptual y organizativa que choca de frente con las aspiraciones de los representantes de la poderosa burguesía industrial brasileña. Porque en Brasil -como en Venezuela, Argentina o cualquier otro país- en el contexto económico mundial contemporáneo no hay la menor chance de relanzar el crecimiento, promover el desarrollo y frenar la voracidad de las transnacionales y la banca imperialista, con la mera apelación a las absurdamente denominadas "políticas activas" y a una batería de disposiciones reguladoras.
En su intervención en el último encuentro del Foro de Sao Paulo, en diciembre pasado, Lula explicó que su objetivo no era el socialismo sino que cada brasileño tuviera todos los días tres platos de comida. El dramatismo de la apelación se entiende: hay 60 millones de brasileños que no ingieren cada día el mínimo necesario de calorías y proteínas. Sencillamente no es imaginable que a partir del primero de enero próximo Lula deseche ese compromiso. Los revolucionarios de todo el continente podemos darle a Lula ese crédito, desechando las trampas y provocaciones de la prensa comercial y los políticos burgueses que (acompañados por algún energúmeno), se permiten criticarlo desde la izquierda: él y su gobierno harán todo lo que crean necesario y conveniente para que antes de las próximas elecciones presidenciales, en octubre de 2006, cada brasileño tenga cada día tres platos de comida. Y tendrán nuestro apoyo. Los hechos, más temprano que tarde, demostrarán que ese objetivo mínimo requiere medidas incompatibles con los deseos del gran capital, sea imperialista o local. Y la dinámica social probará si un pueblo que emerge del hambre y reconoce como propio al gobierno que logra ese objetivo crucial, se contenta con tres platos de comida al día en un país de inmensas riquezas y brutales desigualdades.
Bloque antimperialista continental
Por lo demás, es altamente improbable que tengan éxito los intentos por impedir la convergencia del nuevo gobierno brasileño con los de Venezuela y Cuba. La política exterior es inseparable de la política interna. Lula empeñado en poner en pie a Brasil y sacar a su población del hambre, la marginación, la degradación y la violencia, estará impelido a hacer del principal país de la región un punto de encuentro y proyección para afrontar urgencias comunes. Allí Brasil chocará más frontalmente que hasta ahora con el proyecto estadounidense de Area de Libre Comercio de las Américas (ALCA), con la proliferación de bases militares, con la política guerrerista implementada desde el Plan Colombia, con la línea de acción destinada a imponer el dólar como moneda en cada país de la región. En ese juego de fuerzas la transformación del Foro de Sao Paulo en un efectivo Bloque antimperialista continental, como lo venimos proponiendo desde su fundación, en 1990, será una realidad más allá de la forma que adopte.
Argentina y el nuevo eje político regional
La incorporación de Argentina a esta nueva realidad regional está en disputa. Los partidos del capital, en desesperados y costosísimos intentos por reciclarse, son los instrumentos de Estados Unidos para apoyar aquí un eje contrario al que objetivamente constituyen Cuba, Venezuela y Brasil. Washington pretende apoyarse en Buenos Aires, Santiago y Bogotá para sostener una línea de defensa y, eventualmente, retomar la ofensiva. En ese empeño los planes imperialistas incluyen la fragmentación territorial de Argentina.
De modo que además de reclamada por la realidad política y social que se abate sobre el país, la creación de una nueva fuerza política de masas es un imperativo impostergable a partir del papel que el imperialismo pretende hacerle jugar a Argentina en esta nueva y trascendental coyuntura histórica.
Les
Etats-Unis face à l'Amérique latine,
Militariser les conflits sociaux
Par
Raúl Zibechi,
Brecha,
février 2003.
L'intransigeance guerrière des Etats Unis, qui parie sur le fait de militariser les sociétés latino-américaines, peut être et doit être freinée grâce à l'action convergente des sociétés civiles et des gouvernements qui misent sur un monde multipolaire.
Le scénario se profile chaque fois avec une plus grande clarté : La Colombie est le modèle des Etats-Unis pour la toute Amérique latine. Polarisation sociale et politique, déchirure du tissu social, création d'un ennemi (réel, inventé ou simplement imaginé) et ensuite installation d'une scène de guerre qui ouvre les portes à la militarisation du pays. Ce sont les excuses idéales pour le déploiement de conseillers et de corps d'élite, et pour l'installation d'un rosaire de bases militaires - qui tenaillent le continent de nord à sud - appelées à modifier le rapport de forces dans la région.
Ainsi, si la crise mondiale de 1929 et la Seconde Guerre Mondiale ont représenté un repos pour les pays de l'Amérique latine, la guerre contre l'Irak semble appeler à intensifier les souffrances du sous-continent. En effet, ce fut le cas pendant la récession des années trente quand on a consigné les bases pour le processus d'industrialisation des pays de l'Amérique latine, sur la base de la substitution d'importations. Et aussi pendant la guerre contre le nazisme et le fascisme quand l'industrialisation est montée de plusieurs marches jusqu'à modifier la structure économique et sociale de plusieurs pays, qui jusque là étaient à peine des nations agro exportatrices, régies par les oligarchies de propriétaires fonciers.
Nouveaux alliés
La chute du socialisme réel qui a modelé l'actuel monde unipolaire, a produit une redistribution profonde des alliances régionales de la superpuissance. Après quelques feintes, allées et venues qui ont jalonné les transitions démocratiques des années 80, la nouvelle doctrine impériale s'est formée : les actuels ajustements mis en oeuvre sous la pression du Fonds Monétaire International (FMI) poursuivent la polarisation économique, sociale et politique, en installant une sorte de terre rase, bouillon de culture d'une guerre sociale larvée qui dérive facilement en guerre tout simplement. Les rues de la La Paz, où mercredi (12 fév. 2003) 16 personnes ont trouvé la mort, tandis que les responsables du FMI vérifiaient, depuis le Sheraton, l'application de « l'impuestazo » (énorme augmentation des impôts ordonné par le FMI) contre lequel se révoltèrent comme un seul homme les travailleurs et les chômeurs, les cholas (indignes) et les policiers, représentent la meilleure image de la politique en cours.
Celui qui dit La Paz, peut dire Buenos Aires, Arequipa, Asunción ou Quito. Et si l'on veut, on peut ajouter Caracas, en dépit des particularités et des différences du processus vénézuélien. Le phénomène tend, de façon suspecte, à apparaître d'une extrémité à une autre du continent, avec une exception ponctuelle qu'est le Brésil (et on dira aussi Cuba, avec raison), où le gouvernement du PT essaie une politique qui va à contre courants des intentions de Washington et du Pentagone. Grâce à Joseph Stiglitz, Nobel d'Économie et ex vice-président de la Banque Mondiale, nous savons que les organismes financiers internationaux calculent, au moment de concevoir les mesures économiques qu'ils imposent à chaque pays, tant les coûts sociaux que les coûts politiques. Ils prévoient, même, les réactions populaires, dans ce qui peut être qualifié comme une véritable ingénierie de guerre intégrale.
Voyons le cas colombien. En 1981, il y avait 25 mille hectares cultivés de marijuana et de coca. En 2001, après une décennie de terre brûlée pour déraciner les cultures, les cultures de coca seules se montaient à 120 mille hectares. En 1990 la production d'héroïne était insignifiante. Elle dépasse aujourd'hui celle du Mexique comme principal fournisseur. Bien qu'on ne soit pas parvenu à freiner les cultures et la production de coca, le Pentagone est parvenu à imposer la politique de fumigations aériennes, qui entraînent une convulsion sociale profonde, rendent malades ales populations et produisent des dommages écologiques irréparables. La fumigation est une politique de guerre, et c'est avec cette brindille que l'on doit mesurer le succès ou l'échec de la politique américaine, et non avec la quantification de la production et des cultures. Ainsi vont les choses, le principal succès est avoir polarisé la société colombienne, empêchant et bloquant toutes les initiatives de paix et élevant au rang de président un homme des paramilitaires. La politique des escadrons de la mort et des armées irrégulières - il faut se souvenir du Nicaragua et l'Irangate- est la véritable option de l'administration de George W. Bush, entendue comme la meilleure façon de contenir la rébellion sociale que ses politiques promeuvent.
Libertés sous soupçon
Si dans l'arène internationale, le gouvernement de Bush prend comme modèle la lutte antiterroriste du régime génocidaire de l'Algérie, et si dans son propre pays il taille les libertés, transforme en suspects des milliers de citoyens et surveille les communications Internet, plus au sud le scénario est imposé de manière beaucoup moins subtile. Apparemment, le véritable ennemi à battre ce sont les sociétés civiles. Le cas bolivien, un autre paradigme de la politique de la superpuissance, illustre clairement cet aspect. En 1985, la Bolivie a été le précurseur des ajustements structurels. Les ajustements ont été fait dans l'industrie minière, non par incompétence mais parce que là le prolétariat mineur, le plus conscient et combatif de l'Amérique latine s'était fait fort, depuis la révolution de 1952, était devenu le principal obstacle à la voracité des élites créoles et des capitaux des multinationales. Dispersés par la fermeture des mines, beaucoup d'ex travailleurs se sont déplacés vers au Chapare, où ils se sont transformés en paysans. La puissance du mouvement indigène- paysan qui a émergé dans les années '80, a activé les politiques d'éradication forcées des cultures de coca avec lesquelles survivent des régions complètes du pays.
Mais une politique tellement impopulaire ne pouvait pas être mise en oeuvre, même si les mouvements sociaux boliviens se sont cramponnés à démontrer qu'ils sont étrangers à l'élaboration de cocaïne et qu'ils sont disposés à accepter une réduction des cultures. La réponse a été identique à celle faite maintenant en Colombie : intervention directe de troupes d'élite américaines, dont l'ambassade décide des politiques officielles, et dicte qui peut être choisi comme président et ne peut l'être et surtout, protège jalousement les grands narcotrafiquants, dont quelques un ont occupé la présidence du pays après de sanglants coups d'État.
Certainement, la désintégration nationale que provoquent les politiques du FMI et du Pentagone -les deux faces de la même monnaie-, amalgamée sur la base de la subordination et de la domination - entraîne vers le bas les principales institutions de chaque pays. Non seulement les Parlements et les communes perdent du poids et du sens mais aussi les gouvernements et jusqu'aux corps de sécurité de l'État, comme cela se passe avec la police bolivienne. Ce second soulèvement policier en un peu plus de deux ans paraît indiquer - comme l'a fait en son temps la rupture de l'armée équatorienne - que l'ensemble des institutions nationales du continent ont entamé un déclin incontrôlable. L'armée argentine, qui ne peut pas échapper de la boue qu'elle a générée avec les génocides est, avec la très corrompue police de la Province de Buenos Aires, peut être le meilleur paradigme de la désintégration d'institutions qui jusqu'à peu paraissaient solides. Le plus significatif, cependant, est qu'il ne s'agit pas d'accidents, ni d'échecs, mais de "dommages collatéraux", comme les désignent les stratèges néo-libéraux. Ce sont les conséquences d'une politique soigneusement planifiée : la destruction nationale ouvre des brèches pour l'intervention directe d'autres institutions, globales ou impériales, qui sont déjà disposées à remplacer les fonctions dans ces décadents Etats créoles. On ne peut pas oublier que reste encore en vigueur la proposition selon laquelle l'organisme financier international est chargé de payer directement les subventions des chômeurs argentins.
Un monde multipolaire
Bien que la majorité des gouvernements latino-américaines n'ait pas jouée un rôle important au moment de faire face à l'éminence d'une guerre en Irak, il paraît évident que les intérêts de la région se jouent avec ceux qui parient sur la paix. C'est-à-dire, avec cet hétérogène et multicolore conglomérat qui inclut le pape Jean-Paul II et les gouvernements la Russie, la Chine, l'Allemagne et de la France, jusqu'aux sociétés civiles qui ce week-end mobilisent des millions de personnes partout dans le monde. En incluant aux Etats-Unis, où on attendait des manifestations à New York et San Francisco, ce qui va marquer des limites à la politique extérieure que le gouvernement Bush ne pourra pas ignorer. À ce sujet, Noam Chomsky a indiqué, dans le récent Forum Social Mondial de Porto Alegre, que pour le Vietnam a dû vivre quatre années de guerre pour que la société civile américaine commence à se mobiliser. Maintenant, les marches sont déjà tellement nombreuses comme l'ont été les plus grandes manifestations anti-guerre des années soixante.
De toute façon, ce qui est en jeu n'est rien d'autre que : « les contrepoids à la superpuissance existent-ils ou non ». Si la très large alliance contre la guerre ne parvient pas à freiner cette superpuissance, si la volonté des va-t-en guerre de la Maison Blanche et d'un isolé Tony Blair s'impose, cela sera une nouvelle désastreuse pour l'humanité.
Le futur de l'Amérique latine peut être mesuré par la mesure de l'existence d'un monde multipolaire. S'il n'y a pas de force humaine capable de freiner les faucons de la Maison Blanche, alors que les scènes de cette semaine sur la place historique Murillo de la La Paz -calqués de celles de Place de mai, à Buenos Aires, il y a un peu plus d'une année- seront le chemin pénible que beaucoup de peuples du continent parcourront. Finalement, le gouvernement de Gonzalo Sánchez de Lozadaa a été obligé de retirer les mesures impopulaires dictées par le FMI.
*Traduction
: Carlos Debiasi, El Correo.
Article original en espagnol: "Estados Unidos frente a América
Latina:Militarizar los conflictos sociales"
© COPYLEFT Brecha 2003